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La Route vers l’Excellence

Dans cet article, Je vais vous présenter plusieurs piliers fondamentaux sur lesquels s’appuyer si l’on veut emprunter la route vers l’excellence. Une route éminemment difficile qui demande une préparation particulière et dont ce tour d’horizon va représenter un premier éclairage.

L’Engagement

La première étape de ce long voyage est une prise de décision, une intention forte. Celle de viser l’excellence. Elle n’arrive pas par hasard. On ne devient pas N°1 par chance. On le devient avant tout parce qu’on l’a décidé… Dans l’interview Live Poker d’Adrian Mateos Diaz, on a une illustration parfaite de cette idée. Il affiche clairement ses ambitions et a décidé de devenir le N°1 mondial. C’est clair et limpide dans son esprit. Et cette décision va activer le pouvoir de son focus. Toutes ses actions seront orchestrées au regard de cet objectif puissant.

Devenir un excellent joueur part donc d’une décision, d’un choix. Celui d’oser rêver grand et haut.

Celui de faire passer ses standards à un autre niveau. Mais attention ne nous trompons pas, ce n’est pas parce qu’on l’a décidé que cela va devenir réel. Cette route est longue, difficile et en décourage plus d’un. Mais justement qu’est ce qui va nous maintenir dans le flow de cette quête ? C’est cette décision initiale, cet engagement avec soi-même. C’est quand la partie émotionnelle de cet objectif est tellement importante pour nous que l’on est prêt à en payer le prix. Car effectivement il y a un prix à payer pour atteindre l’excellence, fait d’efforts, de sacrifices, de doutes, de peurs…

Car atteindre l’excellence se réalise dans l’inconfort. Celui du dépassement de soi-même, celui de découvrir ce qu’il y a derrière nos limites actuelles, celui d’un apprentissage continu où l’on se remet quotidiennement en question pour avancer encore plus haut. Cela peut bousculer nos limites intérieures mais tout sommet mérite ses efforts.

La Patience

Dans son livre « Outliers : the Story of Success » Malcolm Gladwell vient confirmer la théorie d’Anders Ericsson, père de la théorie des 10 000 heures pour atteindre l’excellence dans n’importe quel domaine. A ce sujet, il dresse le portrait de gens exceptionnellement talentueux et/ou qui ont un succès incomparable. On parle ici des Bill Gates, Einstein, Les Beatles et Oppenheimer de ce monde. Bref, des êtres d’exception qui ont brigué l’excellence dans leur domaine. On apprend ainsi que Bill Gates rencontre ce critère puisqu’il a eu accès à un ordinateur à l’âge de 13 ans, passant tout son temps libre à programmer et que les Beatles, quant à eux, ont donné plus de 1 200 représentations en moins de 3 ans à Berlin. Il se produirait un changement même de la structure du cerveau au regard de l’activité faite sur une longue durée.

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Robert Greene dans « atteindre l’excellence, 2014 » arrive aux mêmes conclusions. Il brise lui aussi de nombreux mythes concernant une forme de génie inné qui se dédouanerait de cette somme de travail importante. Mozart est considéré par exemple comme un génie et l’un des plus grands maîtres de la musique au monde. Et pourtant… son talent n’est pas inné. Il est le fruit de milliers d’heures consacrées au piano. Mais comme il a commencé très tôt son apprentissage, à quatre ans, et qu’il jouait tous les jours de très longues heures, il a atteint l’excellence musicale avant ses 20 ans.

La décision à prendre pour atteindre l’excellence serait ainsi d’accepter de passer 10 000 heures de travail acharné pour passer à un autre niveau. C’est clair et quantifié. Cela nous permet de faire le choix de l’excellence en pleine conscience des efforts nécessaires. Adrian Mateos Diaz est prêt à le vivre puisque l’on apprend qu’il est ultra-compétitif, et travaille son jeu énormément tout en jouant 10 à 15h par jour.

La Passion

Monter en haut de l’échelle de l’excellence est à ce prix. La question que l’on doit se poser immédiatement est « est-ce que cette échelle est sur le bon mur ? ». Est-on réellement prêt à passer 10 000 heures de travail sur le domaine d’excellence visé ? Il faut avoir une connexion très forte et profonde avec l’activité. Il faut que cela dépasse uniquement les raisons intellectuelles mais que cela nous touche également émotionnellement. Il faut que notre cœur soit de la partie autant que notre cerveau. Car ce qui nourrit l’excellence, c’est la passion. Et Robert Greene a montré qu’une caractéristique forte de tous ceux qui ont touché l’excellence c’est une passion sans cesse renouvelée et qui continue de les habiter après les années passées sur le domaine d’apprentissage.

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Savoir entretenir la passion, le plaisir et la motivation à jouer est un point important pour qui veut devenir un excellent joueur. C’est ce qui nous permettra de faire preuve de persévérance et de résilience à travers les nombreux bad run qui jalonneront notre route.

Travailler sur ses motifs d’actions, ses WHY, aller voir quels besoins plus profonds ils nourrissent, passer du cognitif à l’émotionnel, développer son autonomie et sa créativité, réinventer son plaisir en créant un jeu dans le jeu, sont quelques pistes pour raviver la flamme de la passion et faire en sorte qu’elle brûle tellement à l’intérieur de nous qu’elle nous donne une énergie nous permettant de continuer dans la tempête.

Une de mes citations préférées est « quiconque possède un pourquoi assez fort peut supporter presque n’importe quel comment ». Un pourquoi fort et passionnant pourra nous permettre de supporter 10 000 heures autour du poker avec son lot de joies et de souffrances.

L’Evolution Constante

Mais si les 10 000 heures représentent une estimation quantitative de ce qui attend toute personne désireuse d’excellence, on doit garder également en tête l’importance de l’évolution qualitative de nos actions. Ce n’est pas passer son temps à faire tout le temps la même chose, mais c’est plutôt s’inscrire dans une démarche d’évolution permanente, de nos plays, de buy-in, de prises de risques, de notre compréhension du jeu. C’est utiliser avec efficience l’équilibre connaissances-actions dont j’ai déjà parlé lors d’un ancien article.

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Chercher à gagner 1cm d’évolution chaque jour sans se soucier des résultats. L’excellence se construit ainsi, pas après pas. Jour après jour. Et ce de manière régulière. Pour paraphraser Aristote : « L’excellence est un art que l’on atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de façon répétée. L’excellence n’est donc pas une action mais une habitude ».

Cherchez à se construire des habitudes d’excellence est donc un moyen de systématiser cette évolution permanente. Par exemple, décider d’étudier tous les mardis les regs de la plus haute limite à laquelle nous jouons, faire un Warm UP régulier et structuré, travailler tous les jeudis avec un solveur les mains problématiques de la semaine, etc. C’est en callant ses habitudes hebdomadaires que l’on sera certain d’apprendre, d’appliquer et de corriger son jeu.

L’évolution qualitative vers l’excellence se nourrit ainsi de routines imbriquées dans un grand plan stratégique d’apprentissage.

Car toutes les stratégies d’apprentissages ne se valent pas. Et les avancées en neurosciences nous montrent aujourd’hui comment booster notre parcours vers l’excellence. Que l’on parle chunking, d’hémisphères droits et gauches du cerveau avec pour chacun des particularités à exploiter, de courbe de l’oubli ou de séquences de travail et de pauses mémoratives, les stratégies sont nombreuses pour nous faire apprendre plus vite et mieux. Ça sera surement l’objet d’un article à lui tout seul.

Le Flow

Une avancée significative sur l’atteinte de l’excellence vient de paraitre récemment. Elle s’appuie sur le concept de Flow développé en psychologie positive par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi en 1975. Le Flow correspond à un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité, et se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.

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D’après les dernières recherches faites par Steven Kotler et Jamie Wheal dans le cadre du Flow genome project, 2014, être dans un état de flow permettrait même de réduire de moitié la route vers l’excellence. On passerait ainsi de 10 000 heures quantitatives à 5000 heures qualitatives en étant dans un état modifié de conscience. Car le flow est autre chose qu’une hyper-concentration.

C’est une connexion directe avec l’activité qui nous porte sans effort, et dans une forme de maitrise et de clarté absolue. Un état de grâce où le conscient et le subconscient s’harmonise avec ce que l’on est en train de faire. C’est comme si notre intuition et nos connaissances théoriques s’harmonisaient parfaitement pour nous faire prendre les bonnes décisions. Ce sont nos émotions au service de notre performance de prise de décisions.

Dans le sport les témoignages de flow sont nombreux et montrent à quel point tout le système perceptif conscient est transcendé par des sensations plus profondes et puissantes.

Le pilote de Formule 1 Ayrton Senna, qui, durant les qualifications du grand prix de Monaco 1988, a déclaré avoir l’impression de piloter la voiture au-delà de ses limites. « J’étais déjà en pole position, […] et je continuais. Tout à coup j’avais deux secondes d’avance sur tout le monde, même sur mon binôme qui avait la même voiture. Et tout à coup j’ai réalisé que je ne conduisais plus la voiture consciemment. Je la conduisais comme INSTINCTIVEMENT, mais j’étais dans une AUTRE DIMENSION ».

Cet état nous permettrait d’atteindre plus vite notre excellence personnelle. Et les recherches menées par Steven Kotler et Jamie Wheal montrent que l’on ne l’atteint pas par hasard. Il met en jeu une modification à la fois structurelle, chimique et fonctionnelle de notre cerveau puisque nous serions dans un hypo-frontalité (sens critique amoindri, pas de jugements conscients, perte de conscience de soi) et animé par un cocktail chimique particulier fait d’adrénaline, de Cortisol, de Dopamine, d’endorphines et de sérotonine.

On peut atteindre cet état très particulier en s’inscrivant dans une démarche par étape, qui va de la lutte intérieure, au relâchement, au flow puis à la récupération. Une démarche dans laquelle on met l’ensemble de nos forces conscientes et inconscientes en harmonie pour performer au plus haut niveau.

C’est une voie très prometteuse dans la recherche de l’excellence et l’axe central de mon séminaire de janvier 2018.

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